samedi 18 juin 2016

La Thaïlande en famille

     J’arrive à Bangkok le 01 février, après 700 km de stop en Thaïlande. Le stop marche bien, même si certaines personnes sont assez incrédules face à cette façon de voyager. Ainsi une Thaïlandaise parlant très bien anglais, me voyant faire des gestes bizarres à des voitures, me conseille après explications de ma part, de prendre le train. « Beaucoup plus simple et ça coûte pas cher, et le stop en Thaïlande ça marche pas ! » Je lui demande alors si elle a déjà essayé de faire du stop en Thaïlande. « Non, mais je suis Thaïlandaise, je connais mon pays, ici ça marchera pas. Viens, je t’emmène à la gare. » Face à mon insistance pour utiliser mon pouce elle me sort une phrase qui me fait bien et rire et dont je me souviendrais longtemps : 
« Why do you think different ? » (Pourquoi penses-tu différemment ?)
Et oui, sortir du lot peut parfois surprendre.

     N’en déplaise à ma chère Thaïlandaise, le stop dans son pays marche parfaitement. Je rentre même dans la banlieue de Bangkok à l’arrière d’une camionnette sur des sacs de farine avec des voitures doublant de tous côtés. Pas des plus rassurants.

     Je retrouve le copain Tahar, dans la foulée et le reste de la famille doit nous rejoindre la semaine suivante. Nous visitons donc Bangkok pendant cette semaine. Nous pensions sortir un peu de la ville mais nous trouvons chaque jour quelques choses à faire. Ballade au bord des khlongs (canaux), visites des monuments bouddhistes, de Chinatown, et autres marchés. 



Pagode



Photo du roi de Thaïlande, Rama IX. Il est omniprésent dans tout le pays, bien qu'il n'est pas apparu publiquement depuis mois.

Varan dans les khlongs
Maisons au bord d'un canal

     Notre hôtel est proche de Kaoh San Road, la rue où tous les « backpackers » se rendent, qui se transforme la nuit en scène de débauche occidentalo-occidentale. Mis à part quelques Ladyboys, inutile de chercher des Thaïlandais, il n’y en a pas. Nous privilégions donc les ballades aux marchés aux puces, aux marchés aux fleurs ou dans d’autres quartiers de la ville.

Nettoyage hebdomadaire des rues



     Une fois la famille arrivée, nous restons encore quelques jours à Bangkok pour profiter du nouvel an chinois. Cette communauté étant relativement bien présente en Chine, on peut s’attendre à une belle fête. Les animations dans les rues sont intéressantes et les rues sont bondées de monde.

La famille

Nouvel an chinois

Prières pour bien commencer l'année



     Le plan est ensuite de monter dans le Nord du pays à Chiang Rai. Quelques jours avant, nous allons nous renseigner pour le train, mais celui-ci est déjà complet. Nous optons donc pour l’avion. Une première depuis le début de mon voyage pour ma part. Moi qui m’était fixé comme objectif d’aller jusqu’en Australie sans prendre l’avion. La famille me rassure : « c’est exceptionnel, c’est parce qu’on est là, ça ne compte pas. » Nous ferons donc le trajet Bangkok – Chiang Rai en environ 1h, ce qui m’aurait sans doute pris deux jours en stop.



     A Chiang Rai, nous visitons le temple blanc. Celui-ci s’avère être plus une création artistique pour attirer les touristes qu’un réel temple bouddhiste. Heureusement, nous visitons l’après-midi d’autres temples plus traditionnels, grâce auxquels nous en apprenons plus sur le bouddhisme.

Temple blanc

Temple blanc - difficile d'imaginer qu'il s'agit d'un lieu religieux




     Le lendemain, nous décidons d’aller arpenter la campagne et louons une voiture avec chauffeur pour deux jours. Les touristes allant voir habituellement les mêmes choses, le premier chauffeur à qui on essaye de montrer notre itinéraire planifié la veille, abandonne au bout d’une heure pour passer la main à un collègue parlant anglais. Nous visitons ainsi quelques lieux intéressants, notamment une plantation de thé et le fameux triangle d’or. Ce dernier est le croisement des trois frontières Laos – Birmanie – Thaïlande. Il est aussi connu car jadis il s’agissait d’un territoire où le trafic de drogue, d'opium plus particulièrement, était florissant.

Plantation de thé

Séchage des feuilles de thé

Au premier plan la Thaïlande, au second plan à gauche la Birmanie et à droite le Laos


     Nous visitons un dernier petit village qui s’avère bien sympa.


Sport national : le foot volley.


     Malheureusement, le lendemain, notre chauffeur se montre moins coopératif. Notre itinéraire, dont il avait connaissance la veille, passe par les montagnes, et il refuse de nous emmener là-bas sans qu’on lui paye un supplément. Nous refusons et rentrons donc tous à Chiang Rai plus tôt que prévu.

    Nous décidons de prendre le bus dans la foulée direction Chiang Mai. Plutôt que la ville, nous visitons le temple Phrathat Doi Suthep et profitons des alentours pour aller se balader. Nous souhaitons nous rendre au sommet de la montagne en marchant, alors que la grande majorité des touristes y vont en tuk-tuks. Après avoir demandé à plusieurs personnes, nous comprenons qu’il n’y a pas de chemin de randonnées dans le coin. Comme le Chinois, le Thaïlandais n’est pas un grand marcheur. Nous finissons tout de même par trouver un chemin montant dans la forêt. Il s’agit malheureusement d’un cul-de-sac, mais nous aurons tout de même marché deux bonnes heures et profité de la jungle.



Arbre à Jackfruit (et non à Durian comme nous l'avons cru au départ.)


     Le lendemain, nous partons à Mae Sariang, là aussi pour profiter de la nature. Une partie de la famille va se balader au parc national de Salawin en vélo alors que Jean-Pierre et moi louons des scooters pour aller visiter les petits villages reculés. La vie est ici bien différente de Chiang Mai ou Bangkok. La tranquillité des habitants me rappelle le Laos.


Maison avec toit en feuilles

Transport de buffles par la rivières. De l'autre côté de la rivière : la Birmanie
     Dernière visite avant de revenir sur Bangkok : Sukhtohai. Cette ancienne cité était la capitale du royaume de Sukhothai, entre 1238 et 1438. Très bien restauré, on peut y voir de nombreux Bouddhas et anciens temples bouddhistes.




     De retour à Bangkok, nous continuons la visite de cette ville qui a beaucoup à offrir. Nous prenons même nos habitudes, petit café les matins dans un « coffee shop » d’une « grand-mère », trajet avec le bus 53 pour se rendre dans les coins intéressants de la ville et nous finissons la journée à boire un coup dans le « shop » d’une jeune Thaïlandaise entouré de locaux avec qui nous sympathisons.


     Je suis stupéfait par le niveau de développement de cette ville. La Thaïlande est bien plus développée aussi bien en ville qu’à la campagne que le Laos voisin. Il y a beaucoup de centres commerciaux à l’européenne. En rentrant sur Bangkok pour la première fois en stop, j’ai été frappé par la taille gigantesque des panneaux publicitaires sur l’autoroute, des terrains de foot à la verticale. Triste signe de l’augmentation de la consommation dans ce pays, beaucoup de personnes, en particulier les enfants, sont en surpoids.

Comme au Laos beaucoup de belles voitures neuves, en particulier de nombreux picks-up très polluants.

     Comme toute chose a une fin, la famille repart le vendredi soir. Ces deux semaines en famille étaient bien sympathiques, même si à 6 prendre des décisions n’est pas si simple, surtout quand chacun a sa propre façon de voyager. Je suis ainsi un peu triste de me retrouver à nouveau seul, mais aussi content de pouvoir voyager à nouveau à ma façon. Je me retrouve donc le samedi matin seul et avec un objectif : acheter une tente. A plusieurs reprises, je me suis posé la question et mon récent séjour au Laos m’a convaincu de l’utilité d’en avoir une. J’en trouve finalement une après deux jours de recherche à 65 €.

     Je pars ensuite de Bangkok avec comme idée d’aller à la campagne essayer ma nouvelle tente. Je prends d’abord un train pour sortir de la ville afin de pouvoir faire du stop plus facilement. Une fois à la campagne je peux ainsi reprendre mon moyen de déplacement favori. Je n’ai pas de destination précise, mais la chance est avec moi : je tombe sur un couple, certes qui ne parlent pas anglais mais qui a l’air adorable, ils me proposent de venir au restaurant avec eux. Celui-ci ne cuisine que des poissons. Nous commandons toutes sortes de plats, du poisson à la sauce coco aux écrevisses d’une taille impressionnante. Surement le meilleur repas de ce tour du monde. Le couple me propose de m’emmener aux marchés flottants de Damnoen Saduak. Ils font ainsi un détour d’une heure et demi pour moi.

     Une fois sur place, je marche un peu pour trouver une place ou planter la tente. Finalement je décide d’aller discuter avec des moines bouddhistes qui me proposent de dormir au monastère. Pas de tente, mais c’est tout de même une première pour ce soir.

     Le marché flottant est très touristique, avec quasi exclusivement des boutiques de souvenirs. On peut louer une barque pour en faire le tour mais ce n’est pas mon genre. Je décide très vite de m’éloigner, privilégiant une ballade le long des canaux. Après avoir marché 150 mètres je suis le seul étranger, les autres se cantonnent à un périmètre restreint, ultra-touristique.

Cuisines flottantes

Les très nombreux canaux recouvrant cette région de Thaïlande


     J’arrive tout de même à rencontrer de vrais vendeurs après avoir marché un peu, vendant des légumes et préparant des plats avec la bouteille de gaz embarquée sur leur petite barque. Je suis impressionné. Deux choses me frappent : il n’y a que des femmes qui vendent ainsi et l’âge des batelières. Les femmes ont toutes 50 ans passés alors que les bateliers faisant des tours touristiques (principalement des hommes) sont tous jeunes et parlent anglais.

     On peut se demander l’impact du tourisme sur un marché comme celui-ci. A-t-il permis de « sauvegarder » une tradition vouée à disparaître (en s’adaptant bien sûr aux touristes) ou est-il responsable de la modification du marché et de la désertification totale des Thaïlandais ?

Je payerais mon repas 30 bahts aux grands-mères alors que le même plat coûte plus du double dans la zone touristique.

     Suite à cette visite, je rentre sur Bangkok récupérer mon visa birman, puis me dirige vers la frontière la plus proche.

Dans la ville de Nakhon Pathom : Phra Pathom Chedi, la stupa la plus haute au monde.

     Avant la Birmanie, je passe 2 jours dans un resort proche de Kanchanaburi. Le propriétaire, un Français me laisse planter ma tente gratuitement sur la pelouse. Kanchanaburi est surtout connu pour sa voie ferrée construite pendant la seconde guerre mondiale aussi appelée le chemin de fer de la mort. Construit par des travailleurs asiatiques et des prisonniers de guerre, le nombre de pertes humaines est estimé à 16 000.


Pont sur la rivière Kwai
     En retournant au Resort depuis la ville je suis pris en stop par une femme seule. Quelque chose de banal pour quelqu’un faisant du stop en France, mais exceptionnel pour moi. La dernière fois qu’une femme seule s’était arrêtée c’était en Turquie… 7 mois plus tôt.

     Je visite aussi la campagne alentour mais les chiens me sautant presque dessus à chaque maison m’énerve assez rapidement. Ils sentent probablement que je suis un étranger. Je leur lance ainsi des cailloux, engueule même parfois leurs propriétaires, mais tout cela rend la ballade très désagréable.


Zébu
     La Thaïlande est un pays qui m’a bien plu et dont je sais déjà qu’il sera à nouveau sur ma route. J’ai hâte de pouvoir découvrir un peu plus la campagne à ma manière. En attendant, c’est la Birmanie, différente sous bien des aspects, qui m’attend.

Dernière photo prise en Thaïlande

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